Américain, XIXe et XXe siècles.
Né 1860, à West Calder, Écosse; mort 1934, à Pittsburg, Philadelphie.
Fils de pauvres paysans irlandais ayant émigré en Ecosse, John Kane (ou Cain comme son nom s'écrivait alors) commence à travailler dans les mines de schiste dès l'âge de neuf ans. L'année suivante, son père meurt, laissant dans le besoin sept enfants. John doit abandonner complètement l'école après avoir achevé sa troisième année. Il suit cependant des cours du soir quand il est sans travail. Sa mère se remarie et le sort de la famille s'améliore quelque peu. Le beau-père de John est persuadé que la prospérité l'attend en Amérique et s'embarque pour le nouveau continent. John le rejoint en 1879 et ensemble ils parviennent à économiser assez d'argent pour faire venir le reste de la famille.
En quête de travail, Kane mène pendant quelques années une vie itinérante dans la partie orientale de l'Amérique. Kane retourne vivre dans sa famille à Braddock, dans la banlieue de Pittsburg, après un accident qui mettra fin à sa carrière « d'homme fort ». Traversant une voie ferrée en pleine nuit, Kane et ses compagnons ont été surpris par un train sans phare. Kane a sauvé son cousin en le poussant hors de la voie, mais lui-même a vu sa jambe sectionner par le train. Les opportunités d'emploi se réduisent soudain de façon draconienne pour cet ouvrier unijambiste de 31 ans. Mais il n'est pas homme à se décourager. Après une convalescence de quelques mois, John Kane a pu réapprendre à marcher comme si de rien n'était ou presque à l'aide d'une prothèse en bois. Ce n'est que vers la fin de sa vie que sa démarche alors plus claudicante trahissait son handicap. Il réussit à être embauché comme gardien sur une voie ferrée, un emploi toutefois mal rémunéré.
En 1897, Kane épouse Maggie Halloran qui lui donne l'année suivante leur premier enfant, Mary. Ses nouvelles obligations familiales rendent soudain impérieuse l'obtention d'une meilleure situation et il est engagé comme peintre de wagons à la Pressed Steel Car Company. L'industrie ferroviaire connaissant un déclin, Kane est congédié. Il en profite pour mettre en pratique ses nouvelles connaissances picturales. Comme les peintres itinérants d'autrefois, il fait du porte-à-porte pour offrir ses services de portraitiste. La photographie avait déjà sonné le glas des peintres itinérants, mais Kane sait tirer profit de cette nouvelle invention. Beaucoup de gens avaient des clichés, souvent de leurs proches décédés, qu'ils voulaient faire agrandir et embellir. Kane fait faire les agrandissements et les décore ensuite avec de la peinture. Ces photo-peintures se révèlent une bonne affaire, même meilleure selon lui que les toiles originales de grand format qu'il réalisera plus tard.
En 1925 et 1926, il soumet des copies de tableaux religieux à l'exposition internationale de Carnegie, alors la plus importante foire internationale d'art contemporain en Amérique. Mais ses toiles sont rejetées car seules les compositions originales sont acceptées.
Il tente une nouvelle fois sa chance en 1927 et réussit à faire admettre un de ses tableaux intitulé Vue des montagnes écossaises. L'admission d'un peintre en bâtiment au sein d'une exposition aussi prestigieuse suscite la controverse. C'est en effet la première fois qu'un artiste autodidacte voit de son vivant son travail reconnu par une institution artistique américaine. La reconnaissance du public a sans aucun doute stimulé le développement artistique de Kane (à l'instar de tant d'artistes autodidactes mais avec parfois des résultats mitigés), mais la notoriété n'a pas été une bénédiction pour lui, loin de là.
Les débuts de Kane sur la scène artistique suscitent l'intérêt de la presse qui frappe à sa porte dans un quartier populaire de Pittsburg. Les journalistes ne cherchent pas à découvrir ce qui a motivé la décision de Carnegie, mais enquêtent sur une histoire qui puisse intéresser leurs lecteurs. Avec son flair inné pour la tragédie, la presse transforme la carrière de Kane en une procession de scandales. La pauvreté de Kane et l'ironie de son prétendu succès inspirent plusieurs titres de mauvais goût. Et son décès de la tuberculose en 1934 donne lieu à des scènes de voyeurisme: des photographes prennent en cliché l'agonie de l'artiste émacié et à demi-conscient alors que des journalistes débattent sur sa santé financière. Même si Kane n'a guère profité de son succès survenu au crépuscule de sa vie, il a laissé un riche héritage artistique ayant ouvert la voie à de futurs artistes autodidactes.
- Biographie offerte par Galerie Saint Etienne
Expositions sélectionnées
2013, Recent Acquisitions: And Some Thoughts on the Current Art Market, Galerie Saint Etienne, New York
2013, Story Lines: Tracing the Narrative of "Outsider" Art, Galerie Saint Etienne, New York
2012, Recent Acquisitions: And Some Thoughts on the Current Art Market, Galerie Saint Etienne, New York
2012, The Ins and Outs of Self-Taught Art: Reflections on a Shifting Field, Galerie Saint Etienne, New York
2011, Self-Taught Painters in American 1800-1950: Revisiting the Tradition, Galerie Saint Etienne, New York
2009, They Taught Themselves: American Self-Taught Painters Between the World Wars, Galerie Saint Etienne, New Yor
2005, 65th Anniversary Exhibition, Part II: Self-Taught Artists, Galerie Saint Etienne, New York
2000, Recent Acquisitions (And Some Thoughts on the Current Art Market), Galerie Saint Etienne, New York
1998, Recent Acquisitions: (And Some Thoughts About Looted Art), Galerie Saint Etienne, New York
1996, Breaking All The Rules: Art in Transition, Galerie Saint Etienne, New York
1995, Recent Acquisitions, Galerie Saint Etienne, New York
1994, 55th Anniversary Exhibition in Memory of Otto Kallir, Galerie Saint Etienne, New York
1994, The Forgotten Folk Art of the 1940's, Galerie Saint Etienne, New York
1993, Recent Acquisitions, Galerie Saint Etienne, New York
1993, The "Outsider" Question:Non-Academic Art from 1900 to the Present, Galerie Saint Etienne, New York
1992, Naive Visions/Art Nouveau and Expressionism/Sue Coe: The Road to the White House, Galerie Saint Etienne, New York
1991, Recent Acquisitions: Themes and Variations, Galerie Saint Etienne, New York
1989, Folk Artists at Work: Morris Hirshfield, John Kane and Grandma Moses, Galerie Saint Etienne, New York
1988, Recent Acquisitions and Works From the Collection, Galerie Saint Etienne, New York
1987, Recent Acquisitions and Works From the Collection, Galerie Saint Etienne, New York
1987, Folk Art of This Century, Galerie Saint Etienne, New York
1984, American Folk Art: People, Places and Things, Galerie Saint Etienne, New York
1982, The Folk Art Tradition: Naïve Painting in Europe and the United States, Galerie Saint Etienne, New York
1948, American Primitives, Galerie Saint Etienne, New York
Exposition individuelle sélectionnée
1984, John Kane: Modern America's First Folk Painter, Galerie Saint Etienne, New York
Collections sélectionnées
American Folk Art Museum, New York
Anthony Petullo Collection of Self-Taught and Outsider Art, Milwaukee
Barnes Foundation, Philadelphie
Galerie Saint Etienne, New York
Bibliographie sélective
Janis, Sidney, avant-propos par Alfred H. Barr, They Taught Themselves: American Primitive Painters of the 20th century, New York, 2009.
Kallir, Jane, Masters of Naive Art, catalogue d'exposition, Yamagataya Art Gallery, Hakata Daimaru Art Gallery et Tokyo Daimaru Art Gallery, Tokyo, 1989.
Four American Primitives, catalogue d'exposition, ACA Galleries, New York, 1972.
American Primitives: Edward Hicks, Joseph Pickett, John Kane, and Others, catalogue d'exposition, Galerie St. Etienne, New York, 1948.
American Primitive Paintings, catalogue d'exposition, Smithsonian Institution, Washington DC, 1958.
Holt, Frank, Wendell Garrett, Virginia M. Mecklenburg, Jane Kallir et Stephen May, American Folk Art Masters, catalogue d'exposition, Mennello Museum of American Folk Art, New York, 2001.
Kallir, Jane, John Kane: Modern America’s First Folk Painter, catalogue d'exposition, Galerie St. Etienne, New York, 1984.