Américain, XXe siècle.
Né 1908, au Panama; mort 1987, au comté de Christian, Missouri.
James Edward Deeds Junior naît à Panama, plus exactement dans la zone du canal où son père militaire sert en tant que trésorier sur le USS Marblehead. En 1912, les Deeds rentrent aux États-Unis et s'installent sur une ferme familiale à McCracken au Missouri. Selon sa famille, Edward n'est pas un mauvais garçon mais son comportement est de plus en plus erratique. Il a du mal à vivre en société et à s'adapter aux règles disciplinaires d'un père incapable d'élever un enfant ayant des besoins spéciaux. Les frustrations d'Edward finissent par éclater en violence, amenant le père à demander l'hospitalisation de son fils. Craignant d'être séparé de sa famille, Edward tente de se suicider, un acte de désespoir qui lui vaudra d'être interné pour le reste de ses jours.
Les dessins de Deeds, le plus souvent au crayon et au stylo, sont réalisés avec beaucoup de finesse. Il y a de l'innocence et de la fantaisie dans ces dessins remarquablement dépourvus de souffrance, de violence ou de la colère qu'on pourrait attendre d'un artiste subissant sans doute un stress émotionnel et psychologique. La seule exception est la récurrence des initiales ECT, une référence à peine voilée au traitement controversé de l'électroconvulsivothérapie, plus connue sous le nom d'électrochoc. Les sujets représentés de façon méticuleuse et stylisée varient: il y a des véhicules, des animaux sauvages et domestiques, des gens, des adultes pour la plupart, des architectures, des jardins, et des paysages.
Ce sont toutefois les portraits, avec leurs regards figés, leurs étranges costumes d'époque et leurs atours complexes, qui constituent peut-être les images les plus ambitieuses, les plus inspirées et les plus inoubliables de Deeds. Elles représentent en outre la plus singulière des contributions à l'art outsider: il y a dans chaque portrait les mêmes pupilles envoûtantes et dilatées, les mêmes nez « écrasés » dans des tons de gris, les mêmes bouches fines et pincées, et les mêmes mentons proéminents. Si cette façon de faire montre le plaisir qu'avait Deeds à dessiner des visages, elle indique aussi comment il voyait les visages: toute l'attention est portée sur les yeux, «la porte d'entrée de l'âme», puis sur le nez, un défi artistique en trois dimensions, enfin la bouche et ses mots vides sont au tout dernier échelon de la hiérarchie de l'artiste. Il reportait parfois toute la singularité des visages sur les atours et vêtements. Son attention se portait alors sur les chapeaux à plumes, les cheveux tressés, les costumes aux motifs complexes, les rubans et les bouquets de fleurs.
En 1973, les médecins décident que Deeds, alors âgé de 65 ans et à la santé déclinante, ne représente plus un danger pour lui-même et les autres. Il est transféré dans un foyer de Christian County, au Missouri, où il meurt 14 ans plus tard.
- Biographie offerte par Hirschl & Adler Modern, New York
Expositions sélectionnées
2013, James Edward Deeds, The Electric Pencil, Galerie Christian Berst, Paris
2013, Talisman of the Ward: The Album of Drawings by Edward Deeds, Hirschl & Adler Modern, New York
Collections sélectionnées
Collection abcd, Montreuil
Collection Treger Saint Silvestre, Porto
Collection Dammann, Bâle
Bibliographie sélective
Dagen, Philippe, "James Edward Deeds," Le Monde, 8 décembre 2013.
James Edward Deeds, The Electric Pencil, catalogue d'exposition avec une préface par Philippe Piguet, Galerie Christian Berst, Paris, 2013.
Parker, Thomas B., Talisman of the Ward: The Album of Drawings by Edward Deeds, essai de catalogue, Hirschl & Adler Modern, New York, 2013.
The Drawings of the Electric Pencil, Electric Pencil Press, 2010.