Serbe, XXe siècle.
Né 1895, à Sid, Serbie; mort 1972.
Ilija Basicevic (qui prendra plus tard le pseudonyme de Bosilj) naît en 1895 à Sid (se prononce Chid'), localité serbe alors sous domination austro-hongroise. Ses parents cultivent la terre et possèdent un élevage de porcs. Ilija doit aider son père à la ferme et abandonne l'école après avoir achevé sa quatrième année. Le jeune garçon voudrait améliorer son sort en s'enrôlant dans l'armée, en émigrant en Amérique ou en faisant du commerce, mais ses parents s'opposent à son départ de la ferme.
Après la guerre, Ilija se marie et devient le père de deux garçons, Dimitrije et Vojin. Même s'il est peu instruit, Ilija est très respecté dans sa petite communauté. Il nourrit de grandes ambitions pour ses fils, insistant pour qu'ils fassent des études universitaires, ce qui n'est pas courant à l'époque. Vojin deviendra physicien et Dimitrije, historien et critique d'art, pour la plus grande consternation de son père.
Dans les années 1950, la Yougoslavie connaît une renaissance de l'art naïf. Bien que le style officiel relève du réalisme socialisme, l'artiste Krsto Hegedusic cherche à faire revivre les traditions paysannes. En opposition avec le modernisme « décadent » de l'Occident et en phase avec le nationalisme, cette renaissance est tolérée, voire même encouragée par le régime communiste. Le fils d'Ilija, le critique d'art Dimitrije Basicevic, est un des premiers à soutenir le plus célèbre des artistes de Hlebene, Ivan Generalic. C'est à ce moment qu'Ilija, alors âgé de 62 ans, sans emploi et persécuté par le régime, a l'idée de se mettre à la peinture. Au début, Dimitrije se montre très critique à l'égard du travail de son père qui n'a pas la précision ni le raffinement de l'école de Hlebene. Il va même jusqu'à détruire certaines des premières œuvres de son père. Néanmoins, plus il observe le travail de son père, plus il est convaincu de sa qualité. Ilija dessine selon une esthétique très personnelle et son travail est extraordinaire précisément parce qu'il est atypique.
En 1971, Sid ouvre son propre musée d'Art naïf – Ilijanum – en l'honneur de son plus célèbre résident. Malheureusement, le musée souffre d'un manque de soutien financier de la part des gouvernements régional et national. La chute du régime communiste, l'éclatement de la Yougoslavie et la guerre civile qui a suivi ont contribué ces dernières années à la renommée internationale d'Ilija. Ses œuvres sont principalement conservées au Musée d'Art naïf de Charlotte Zander à Bönningheim, en Allemagne.
Même s'il fait les délices des amateurs d'art naïf, le travail de Bosilj se classe quelque part entre les arts naïf et brut. Ces catégories sont, bien sûr, difficiles à définir et à distinguer. A l'instar des naïfs, Bosilj avait une conscience aiguë de son métier de peintre et le fait de peindre à l'huile sur des toiles témoigne de ses ambitions artistiques. D'un autre côté, ses sujets ne s'inspirent pas de la réalité mais, à la manière de l'art brut, de visions et de rêves. Un critique a comparé son travail à une conversation personnelle avec Dieu, dans laquelle les anges et les démons se battent pour le pouvoir. Les créatures à deux têtes qui se retrouvent très souvent dans les tableaux de Bosilj symbolisent la dualité de la nature humaine et la lutte constante entre le bien et le mal. Même si son travail comporte très souvent des connotations bibliques, Bosilj considérait la religion comme une affaire privée et fréquentait l'église seulement lors des grandes fêtes religieuses. L'artiste a été également influencé dans ses choix de sujets par les traditions largement orales de la poésie, des légendes et de l'histoire des Serbes. D'un point de vue stylistique, les icônes byzantines et l'art traditionnel régional ont exercé une influence sur Bosilj mais son travail reste dans tous les cas unique et doublement remarquable pour avoir été créé dans un tel climat défavorable.
- Biographie offerte par Galerie St. Etienne
Expositions sélectionnées
2012, The Ins And Outs of Self Taught Art: Reflections on a Shifting Field, Galerie Saint Etienne, New York
2010, The Museum of Everything, Pinacoteca Giovanni e Marella Agnelli, Turin
2008, Recent Acquisitions: And Some Thoughts on the Current Art Market, Galerie Saint Etienne, New York
2008, Transforming Reality:Pattern and Design in Modern and Self-Taught Art, Galerie Saint Etienne, New York
2007, Recent Acquisitions: And Some Thoughts on the Current Art Market, Galerie Saint Etienne, New York
2007, Fairy Tale, Myth and Fantasy: Approaches to Spirituality in Art, Galerie Saint Etienne, New York
2006, Recent Acquisitions: And Some Thoughts on the Current Art Market, Galerie Saint Etienne, New York
2005, Recent Acquisitions: And Some Thoughts on the Current Art Market, Galerie Saint Etienne, New York
2005, 65th Anniversary Exhibition, Part II: Self-Taught Artists, Galerie Saint Etienne, New York
2004, Sue Coe: Bully: Master of the Global Merry-Go-Round and Recent Acquisitions: And Some Thoughts on the Current Art Market, Galerie Saint Etienne, New York
Exposition individuelle sélectionnée
2006, Ilija!: His First American Exhibition, Galerie Saint Etienne, New York
Collections sélectionnées
Galerie Saint Etienne, New York
Charlotte Zander’s Museum of Naive Art, Bönnigheim (Allemagne)
Bibliographie sélective
The Museum of Everything, catalogue d'exposition, Pinacoteca Giovanni e Marella Agnelli & Electa, Turin/Milan, 2010.
Bašičević, Ivana, Vladimir Kopicl, et Ilija Bosilj, Svet Po Iliji: Ilija's World, Novi Sad, 2009.
Mangelos, Dimitrije Basicevic, My Father Ilija: A Draft for an Antimonography, Yugoslavie, 1996.