Américain, XXe siècle.
Né en 1914 à Memphis, Tennessee; mort en 2005 à Memphis.
Hawkins Bolden naît le 10 septembre 1914 dans l'Etat américain du Tennessee. Son père est un ancien esclave d'origine africaine et sa mère, une Amérindienne, selon les explications de la soeur de Hawkins, Elizabeth Williams. «Papa et maman avaient tous deux de la parenté en Géorgie qui parlait le geechee (un dialecte afro-américain) », avait ajouté Mme Williams, décédée depuis.
Enfant, Hawkins passe son temps à jouer au baseball dans les rues de Memphis ou sur les terrains vagues. Jusqu'à ce qu'un accident fasse basculer sa vie. Accroupi à son poste de receveur, Hawkins se relève pour attraper une balle de toute évidence pour lui hors cible, mais son frère, au bâton, décide au même moment de frapper la balle et c'est la tête de son frère qu'il percute de plein fouet. Hawkins commence dès lors à souffrir de crises. Il a huit ans quand il s'effondre sur le dos, les yeux tournés vers le ciel qu'il ne reverra jamais. « Je ne pouvais pas m'arrêter de fixer le soleil», a-t-il raconté. « Je faisais juste regarder et tout est devenu noir. Je n'ai plus jamais rien vu après cela.».
En 1930, Hawkins Bolden, alors âgé de 16 ans, déménage avec sa famille dans une petite maison du centre-ville de Memphis qu'il ne quittera qu'à sa mort en 2005. Il sera le témoin privilégié de l'évolution de ce quartier calme et résidentiel en un véritable centre commercial.
Dans les années 1960, des figures totémiques apparaissent le long de la clôture des Bolden et dans leur potager. «J'ai commencé vers 1965 à fabriquer des visages grimaçants et des objets avec les choses que je trouvais. Une de mes nièces a dit: +Mettez-les donc dans le jardin pour effrayer les oiseaux+. Je suppose qu'on peut donc appeler mes choses des épouvantails ». Bouteilles de lait en plastique, boîtes de conserve, enjoliveurs, plaques d'immatriculation, chariots, chaises, rallonges, câbles radio, théières, casseroles, et jouets: l'art de Bolden se compose de tous les déchets urbains. Ses œuvres, pour la plupart figuratives, représentent des visages et des corps humains et même des autoportraits. «J'utilise la semelle de chaussures, des bouts de tuyaux d'arrosage et des morceaux de tapis pour faire la langue », avait expliqué Bolden. Toute couleur ou inscription sur un objet est fortuite : «Parfois je sens des mots gravés sur une chose, mais je ne sais pas ce que c'est. Je ne demande pas ce qui est écrit ni s'il y a de la couleur. Je ne m'occupe pas de la couleur. Je sais si je peux fabriquer quelque chose quand je sens bien une chose au toucher ».
A un visiteur qui lui demandait ce qu'il avait en tête en construisant de telles oeuvres dans sa cour car sûrement il devait avoir une raison, Bolden avait répondu : « Oui, monsieur, j'ai une raison ! Les oiseaux pensent qu'ils vont se faire attraper. Ils ont peur et se tiennent à l'écart... »
- Phillip March Jones
Expositions sélectionnées
2010, The Museum of Everything, Pinacoteca Giovanni e Marella Agnelli, Turin
1993, Passionate Visions of the American South, New Orleans Museum of Art, Nouvelle-Orléans
1990, Next Generation: Southern Black Aesthetic, Southeastern Center for Contemporary Art, Winston-Salem (Caroline du Nord)
Collections sélectionnées
American Folk Art Museum, New York
High Museum of Art, Atlanta
Smithsonian Museum of American Art, Washington D.C.
Ogden Museum of Southern Art, Nouvelle-Orléans
Bibliographie sélective
The Museum of Everything, catalogue d'exposition, Pinacoteca Giovanni e Marella Agnelli & Electa, Turin/Milan, 2010.
Taylor, Kate, "Communicating Across Barriers Few Could Imagine," New York Times, 16 avril 2009.
Crown, Carol, et Charles Russell, Sacred and Profane: Voice and Vision in Southern Self-Taught Art, University Press of Mississippi, Jackson, 2007.
Gundakar, Gary, et Judith McWillie, No Space Hidden: The Spirit of African American Yard Work, University of Tennessee Press, Knoxville, 2005.
Doss, Erika Lee, Coming Home!: Self Taught Artists, the Bible, and the American South, Art Museum at the University of Memphis, TN, 2004.
Russell, Charles, "Hawkins Bolden," Raw Vision, No. 44, Automne 2003.
Arnett, William, "Hawkins Bolden: Insight," Souls Grown Deep: African American Vernacular Art of the South, eds. Paul Arnett & William Arnett, Tinwood Books, Atlanta, 2001.
Conwill, Kinshasha, Testimony: Vernacular Art of the American South: The Ronald and Julie Shelp Collection, Harry N. Abrams, New York, 2001.
Gundakar, Grey, ed., Keep Your Head to the Sky: Interpreting African American Home Ground, University of Virginia Press, Charlottesville, 1998.
Yelen, Alice Rae, Passionate Visions of the American South: Self-Taught Artists from 1940 to the Present, New Orleans Museum of Art, Nouvelle-Orléans, 1993.
Next Generation: Southern Black Aesthetic, catalogue d'exposition, Southeastern Center for Contemporary Art, Winston-Salen, NC, 1990.