Français, 19-20ième siècles.
Né 1876, en France; mort 1954.
Dans les annales de l'art brut, nombre d'artistes affirment avoir été poussés à peindre ou à dessiner par des esprits invisibles dont la voix et l'impulsion ont influencé la forme et l'apparence de leurs créations. Augustin Lesage est mineur de charbon dans le nord de la France quand, à 35 ans, il affirme entendre une voix lui annoncer qu'il sera artiste. Jusqu'à ce moment, le seul contact direct qu'a eu Lesage avec les arts est une visite au musée des beaux-arts de Lille. Cette voix, que Lesage croit celle de sa sœur morte à l'âge de trois ans, lui dicte quels sujets peindre et avec quels matériaux. Lesage commence donc à peindre et à servir comme médium lors de séances de spiritisme.
Lesage réalise ses premiers dessins en disant être guidé par des voix, dont celle de sa sœur décédée. Au début des années 1910, il commence à travailler sur de larges toiles qui lui prennent deux ans à achever. Pendant toute sa carrière, il aura une prédilection pour les peintures de grandes dimensions. Se remémorant son premier acte compulsif de création, Lesage a raconté: «En janvier 1912, de puissants esprits se sont révélés à moi, m'ordonnant de dessiner et de peindre, ce que je n'avais jamais fait auparavant... +Ne t'inquiète pas pour des détails insignifiants+ a été leur réponse. +C'est nous qui travaillons à travers toi+». (1) Lesage a également assuré avoir entendu les voix lui dire: «N'aie pas peur. Nous sommes à tes côtés. Un jour tu seras peintre». (2)
Même si son service militaire interrompt son processus créatif lors de la Première guerre mondiale, Lesage se remet à la peinture dès 1916. Au début des années 1920, il est en mesure de gagner sa vie avec ses activités artistiques et de médium spirite. Auteur de quelque 800 peintures, Lesage crée des images complexes et colorées dans des compositions parfaites, souvent symétriques ou architecturales, comprenant des rangées de motifs détaillés ou de visages vus de profil, semblables aux hiéroglyphes égyptiens (et dans certains cas, les imitant sans vergogne). Des oiseaux, des visages humains, et ce qui ressemble à des lions gardiens de temples (des figures fréquentes dans l'art de l'ancienne Égypte) se retrouvent souvent dans les peintures de Lesage, tout comme des formes d'encadrement autour de certains éléments de ses compositions. Ces formes font penser, selon certains experts, aux tunnels étroits et étouffants des mines de charbon où Lesage travaillait dans sa jeunesse.
L'artiste français Jean Dubuffet, dont les recherches sur le travail non-conformiste des artistes autodidactes l'ont conduit à formuler une définition des artistes d'art brut et de la nature de leurs créations, s'est procuré certaines peintures de Lesage pour sa collection. Dubuffet possédait également des œuvres «médiumniques» d'autres artistes, dont des peintures, des dessins, des textes écrits et des tissus brodés. Vers la fin des années 1920 à Paris, Lesage offre des démonstrations publiques de sa technique picturale «spirite» tout en étant observé par des chercheurs scientifiques intéressés par l'art dit médiumnique. Il continue à créer jusqu'à la fin de sa vie.
- Edward M. Gómez
Notes:
(1) Peiry, Lucienne, L'Art Brut, Flammarion, Paris, 1997. Page 16.
(2) Site internet de l'American Folk Art Museum, New York. http://www.folkartmuseum.org/?p=folk&t=images&id=3469
Expositions sélectionnées
2013, Le Palais encyclopédique, exposition principale de la 55ième Biennale de Venise, Venise
2010, The Museum of Everything, Pinacoteca Giovanni e Marella Agnelli, Turin
2008, Augustin Lesage, Elmar Trenkwalder: Les inspirés, La Maison Rouge/Fondation Antoine de Galbert, Paris
1979, Outsiders, Hayward Gallery, Southbank Centre, Londres
Collections sélectionnées
Collection de l’Art Brut, Lausanne
Lille Métropole Musée d’Art Moderne, d’Art Contemporain et d’Art Brut, Lille
Collection abcd, Montreuil
Bibliographie sélective
The Museum of Everything, exhibition catalogue, Pinacoteca Giovanni e Marella Agnelli & Electa, Turin/Milan, 2010.
Roulin, Geneviève. “Raw Classics: Augustin Lesage.” Raw Vision, G-B., numéro 26, printemps 1999.
Peiry, Lucienne, L'Art Brut, Flammarion, Paris, 1997.
Deroeux, Didier, Annick Notter, Michel Thévoz et al., Augustin Lesage 1876-1954, Philippe Sers Éditeur/Vilo, Paris, 1988.
Thévoz, Michel, L’Art brut, Albert Skira, Genève, 1975.